17/11/14 : L’émission d’aujourd’hui se penche sur deux premiers romans, très différents : l’épopée franchement burlesque de L’Homme qui ne voulait plus être roi, imaginée par l’actuel rédacteur en chef du très sérieux quotidien économique et financier, L’Écho, Joan Condijts ; il publie chez Genèse éditions. Et l’ouvrage très subtil d’une jeune juriste qui travaille au Conseil supérieur de l’audiovisuel, Mathilde Alet ; elle signe Mon Lapin chez Luce Wilquin.
Mathilde Alet, Mon Lapin, Luce Wilquin. Roman
« Mon Lapin », c’est ainsi que Papy Louis surnommait sa petite-fille, Gabrielle. Aujourd’hui, toute la famille est réunie à l’église. Plus tard, on rangera proprement le mort dans le caveau familial. Peut-être est-ce le moment de se parler, enfin ? Car la tribu de Gabrielle s’est construite sur le silence entretenu autour d’un douloureux tabou. Comment est morte sa grand-mère, une femme dont chacun vénère cette photo où elle défie l’objectif parée en garçonne ? Sans doute la tante Victoire, artiste plasticienne, lui ressemble-t-elle. Mais pas Olympe, la mère, obsédée par les conventions. Jadis, Gabrielle a fui sous prétexte d’études de droit. Aujourd’hui cependant, pour rendre hommage au grand-père, il faut bien suçoter tous ensemble, comme par le passé, les chocolats Pyrénéens que Gabrielle a toujours secrètement détestés.
Comme dans un mouvement de balancier, le roman nous balade tour à tour des scènes de l’enterrement à d’autres, significatives, du passé de Gabrielle. Dans le jardin des Plantes de son enfance, Éros et Thanatos vont s’affronter, offrant à Gabrielle une renaissance dans l’élan des corps.
Joan Condijts, L’Homme qui ne voulait plus être roi, Genèse édition. Roman
Le livre publié par Joan Condijts chez Genèse éditions est d’une tout autre veine. Genèse est une toute récente maison franco-belge créée par Danielle Nees, qui partage son temps entre Bruxelles et Paris. Depuis 2009, elle a déjà emporté quelques succès, et notamment, l’an dernier, un prix Rossel avec Monsieur Optimiste d’Alain Berenboom. Son objectif est de rompre avec la politique ethno-centrée des maisons françaises, en donnant leur place à des auteurs de la francophonie. Et il est vrai que le livre de Joan Condijts se passe bien loin des salons français : à la cour de Belgique !
L’Homme qui ne voulait plus être roi nous raconte la folle équipée de Florimont de Belgique. Fatigué, le souverain annonce à la reine Clothilde qu’il ne désire plus régner. De quelle légitimité pourrait-il se revendiquer en démocratie ? Et comment résister aux assauts du pseudo-roi de Flandre, Nolf de Kweter, prêt à tout pour obtenir l’indépendance ? Mieux vaut renoncer, finalement. Et le roi de se saisir de sa moto comme d’un fier destrier, pour se réfugier au Luxembourg… et nous offrir quelques épisodes aussi cocasses que révélateurs du fonctionnement de notre pays.
Vous pourrez rencontrer Joan Condijts et bien d’autres auteurs dont nous avons parlé dans cette émission à la 12e Foire du livre belge. Sous la houlette de Jacqueline Rousseaux, elle rassemble auteurs et éditeurs de chez nous au Centre Culturel d’Uccle, 47 rue Rouge. Elle a lieu du 21 au 23 novembre. Vous y croiserez notamment une série d’auteurs dont nous avons parlé : Vincent Engel, Francis Dannemark, Véronique Biefnot, Isabelle Bary, Patrick Delperdange, Valérie Cohen, Geneviève Damas, Evelyne Wilwerth, Éric Russon et Georges Lebouc. Plus d’infos sur le site du Centre culturel d’Uccle.
La semaine prochaine, nous parlerons d’un premier roman, également. Celui d’Hedwige Jeanmart, Blanès, publié chez Gallimard.
Ecouter la chronique : Melting Pot 171114
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