2/6/14 : Dominique Costermans, Petites coupures, Quadrature. Nouvelles
Sur BXFM, nous aimons mettre en évidence le travail d’éditeurs belges qui, courageusement, tentent de se faire une place au soleil de l’édition francophone. Quadrature est de ceux-là, d’autant que la maison s’est fixé pour objectif de défendre un genre parfois injustement négligé, celui de la fiction brève, la nouvelle.
Dominique Costermans est un auteur qui se distingue depuis ses débuts en publiant des histoires courtes. Elle met également son sens du détail au service de la photographie et travaille comme journaliste.
Dans Petites Coupures, elle explore par l’anecdote notre rapport à l’argent. Le titre, déjà, est amusant : les « petites coupures » sont à la fois des billets de faible valeur et d’infimes blessures qui cicatrisent parfois difficilement. Comme celles de cette petite fille qui se voit obligée par son père de refuser les étrennes que lui offre une grand-mère d’adoption. D’une nouvelle à l’autre, Dominique Costermans entaille les travers d’une petite bourgeoise de province étriquée, aussi peu généreuse de son argent que de ses sentiments. Car si l’argent paraît vulgaire à certains, il sert aussi de prétexte à l’échange, au don, entre humains.
Marianne Sluszny, Un bouquet de coquelicots, La Différence. Nouvelles
Comme dimanche c’est la fête des pères, j’ai choisi un second ouvrage de femme, des nouvelles également, qui revient sur le thème de la guerre de Quatorze – chez nous, en Belgique – dont nous commémorons le centième anniversaire : Un bouquet de coquelicots de Marianne Sluszny. Cet auteur travaille à la RTBF, où elle produit des documentaires culturels. Elle a donc préparé une série d’émissions qui ont inspiré ce recueil. Son employeur n’a pas apprécié, raison pour laquelle vous n’entendrez pas parler du livre sur sa chaîne.
Après avoir lu Un bouquet de coquelicots, vous regarderez différemment ces fleurs rouge sang qui parsèment délicatement le bord de l’Yser. Car la Grande Guerre qui hante les pages de Marianne Sluszny a parfois ôté aux petites gens toute illusion, a durci leurs cœurs et affaibli leurs corps. Chaque nouvelle nous relate, depuis la naissance, le destin d’une personne broyé par le déferlement de la violence. On y perçoit l’odeur nauséabonde des tranchées, l’horizon sans fin des champs de bataille jonchés de corps, le bruit des bombes, mais également la douceur des caresses d’une infirmière. Les histoires sont rudes, bien sûr. Il y a celle du pianiste devenu sourd, alors que ses doigts sont à jamais abîmés par le maniement des armes. Certaines nouvelles dégagent aussi un doux parfum d’humanité. Telle celle de cette « femme à Boches », comme on disait à l’époque qui, humiliée et rasée à la Libération, verra revenir l’homme de sa vie. Un homme qui est de ceux qui savent tourner la page.
Dans la prochaine émission, nous parlerons d’un de nos plus grands écrivains, Pierre Mertens, qui vient de co-écrire avec Muriel Claude, libraire et photographe, A la proue, un livre hommage aux livres et aux librairies, un véritable petit bijou. Il est paru chez CFC-Éditions, un éditeur bruxellois.
Ecouter la chronique : Melting Pot 020614
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