1/9/14 : Stéphane Lambert, Paris nécropole, L’Age d’homme (Contemporains). Roman
Stéphane Lambert est une figure importante de la littérature francophone contemporaine. A 39 ans, il est déjà l’auteur d’une bonne quinzaine d’ouvrages : des romans, des récits, des nouvelles, de la poésie et des écrits sur l’Art. Il est actuellement responsable de la programmation francophone à Passa Porta, la maison internationale des littératures à Bruxelles.
Son livre Paris nécropole – Paris ville des morts – nous plonge dans les tourments de Nathaniel, un écrivain de 35 ans.
Au sommet de la tour de l’université de Vilnius, deux hommes se frôlent, sans oser se toucher. Une tension naît, qui habitera tout le récit. Car Nathaniel aime les hommes, et plus particulièrement l’un d’eux, Jude, dont la vie s’arrête en plein vol, lors d’un accident d’avion. Nathaniel décide donc de retourner dans la ville où vivait Jude, Paris. Fasciné par les cimetières, il erre de tombes en musées, vouant aux morts – artistes peintres, poètes ou écrivains – une adoration quasi mystique.
Avec Paris nécropole, Stéphane Lambert nous offre, dans un style époustouflant, une exploration des sensations érotiques et des idées morbides, une méditation sur les effets de l’esprit sur le corps. Angoisse, ennui, dépression hantent Nathaniel. De longues phrases haletantes – qui atteignent parfois quatre pages ! –, des répétitions obsédantes, nous font pénétrer les tourments d’une âme à l’abandon, d’un esprit qui tourne en rond, sans trouver d’issue.
Alors que les pulsions du désir entraînent Nathaniel vers la vie, sa fascination pour les tombes nourrit sa mélancolie. Si elles ne sont jamais citées, les deux divinités grecques jumelles de l’amour et de la mort, Éros et Thanatos, habitent en permanence l’âme de Nathaniel (un nom qui signifie d’ailleurs, en hébreu, don de Dieu).
Les œuvres d’Art, souvent finement analysées, tout comme les livres, tiennent aussi une place de choix dans ce roman, servant de miroir et d’écho aux sentiments contradictoires du héros : Nathaniel tente péniblement de s’extraire du deuil… tout en s’y plongeant, par moment, avec délice. Trouvera-t-il sa place dans le monde des vivants ?
On ne peut terminer cette émission sans parler de la rentrée littéraire, omniprésente sur les étals de nos libraires. Certaines maisons d’édition belges jouent le jeu, comme les éditions Luce Wilquin, et je vous parlerai un de ces jours du très beau livre d’Alain Lallemand, Ma plus belle déclaration de guerre. D’autres préfèrent se tenir en retrait, de peur parfois de noyer leurs auteurs dans la profusion française. Nous les mettons fréquemment à l’honneur.
Des maisons d’édition françaises font aussi paraître des ouvrages d’auteurs belges, parfois remarquables. Personnellement, je me réjouis de lire Troisièmes noces de Tom Lanoye – un de nos grands écrivains flamands – en traduction aux Éditions de la Différence, Caroline De Mulder – dont j’apprécie particulièrement la plume rythmée – et son Bye Bye Elvis paru chez Actes Sud et le premier roman d’Edwige Jeanmart, Blanès, édité chez Gallimard. On en reparlera…
Mais avant cela, la semaine prochaine, nous aborderons deux ouvrages jumeaux, qui vous offriront une relaxation bien méritée après la rentrée. Celui de Véronique Biefnot, Là où la lumière se pose, publié chez Héloïse d’Ormesson et celui de Francis Dannemark, Aux anges, paru chez Robert Laffont. Ces livres présentent une grande originalité : vous retrouverez des personnages de l’un dans l’autre !
Ecouter la chronique : Melting Pot 010914
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