Le 3/2/14 : Kate Milie, Noire Jonction, 180° Editions. Polar
180° éditions est une petite maison d’édition bruxelloise, dont le catalogue est constitué de beaux-livres. Elle a aussi développé une collection littéraire axée sur notre patrimoine, où on trouve deux des livres de Kate Milie. « Kate Milie« , c’est un pseudo, on ne sait rien d’elle mais on la voit à des rencontres. Elle aime faire partager sa passion de Bruxelles… En fait, Kate Milie est un personnage, que l’on retrouve dans ses polars. Que du plaisir ! Noire Jonction est son 3e roman. Un autre livre a eu son petit succès : L’Assassin aime l’Art déco, où on apprend à mieux connaître la Basilique de Koekelberg, le palais des Beaux-Arts et bien d’autres lieux Art Déco dans Bruxelles.
Noire Jonction évoque la jonction Nord-Midi. Pour son 60e anniversaire, toutes sortes de festivités sont prévues. Un collectif recrute une jeune guide, Marie, ainsi qu’un écrivain célèbre, afin d’assurer l’animation de l’événement. Il y aura des visites, des ateliers d’écriture et même un feu d’artifice. Mais divers événements inquiétants viennent plomber l’atmosphère, dans une gradation morbide : des poupées sanguinolentes jonchent les voies ferrées, puis deux femmes sont assassinées. Marie, la jeune guide, mène l’enquête, alors qu’un autre personnage hante les pages de cette Noire Jonction : Tony, un clochard aux inquiétantes obsessions… Les aventures de Marie et de son collectif d’artistes nous baladent dans le Bruxelles des gares et celui des Marolles. On passe des maisons closes de la rue d’Aerschot au luxe raffiné de l’hôtel Méridien ou du Métropole. On y apprend par exemple que, si la jonction Nord-Midi a été inaugurée en 1952, ses premiers plans remontent à 1840, la Belgique était à peine née. Et aussi que le premier train qui roula sur le continent européen partit de Bruxelles pour Malines en 1935. On découvre également qu’il y a eu plusieurs gares du Midi, et bien d’autres choses encore. Au-delà de l’enquête, c’est de l’histoire d’une ville, la nôtre, qu’il s’agit, et de la cicatrice qui la défigure, celle de la jonction Nord-Midi, symbole le plus tangible de nos bouleversements urbanistiques… mais aussi de notre aspiration à la modernité : à Bruxelles, ce n’est pas un cours d’eau, comme dans bien des grandes villes, qui structure l’espace, mais des rails de métal.
Toutes ces considérations pourraient vous faire penser qu’il s’agit là d’un ouvrage édifiant, didactique, masqué sous des dehors plaisants. Loin de là ! Noire Jonction, c’est surtout une lecture plaisir. Alors pourquoi ? Eh bien, d’abord, il y a le style, imagé, contemporain, accessible sans pour autant être bâclé. Puis les personnages, attachants et crédibles, loin du noir et blanc parfois caricatural de certains personnages de polar. Et l’originalité aussi. Le livre commence d’ailleurs en fanfare : le lecteur se met à reluquer, comme s’il y était, les « filles » de la rue d’Aerschot via Google street… Il y voit la statue d’un ange féminin… présence incongrue, presque ironique, dans un tel quartier. La narration est rapide et efficace, on ne s’ennuie pas un instant. Elle multiplie les approches et nous tient toujours en éveil : les narrateurs changent, on lit des dialogues, des échanges de mails… Et la fin est tout simplement géniale ! Je ne vous en révélerai rien…
La semaine prochaine, si je reçois le livre à temps de l’éditeur, je vous parlerai de l’ouvrage de Bernard Dan, Le Garçon du Rwanda, paru aux éditons de L’Aube. Et si vous avez envie d’en savoir plus sur le livre et l’auteur avant cela, plusieurs présentationssont prévues, où nous pourrons peut-être nous rencontrer : avec Albert Mingelgrün, à la Librairie La Licorne, le 4 février 2014 à 18 h 30, chaussée d’Alsemberg 656, 1180 Bruxelles; avec Pascal Laurent à la Librairie Filigranes, le 11 février 2014 à 18 h 00, avenue des Arts 39-40, 1040 Bruxelles; avec Jacques De Decker à la Bibliothèque des Riches-Claires, le 14 mars 2014 à 12h30, rue des Riches Claires 24, 1000 Bruxelles.
Et je voudrais terminer cette petite chronique en répercutant une idée, lancée par Jean-Claude van Troyen dans Le Soir de ce week-end. Et si on numérisait la littérature belge et on la mettait gratuitement en ligne en Belgique ? Cela peut paraître irréaliste, mais le travail a commencé, paraît-il. Et si les Norvégiens l’ont fait, pourquoi pas nous ? Vous pouvez déjà trouver 345 livres sur le site des Archives et musée de la littérature : aml-cfwb/numerisation.
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