HISTOIRES DE RENAISSANCES

De Bruxelles, Rose se rend à Tel-Aviv. Le pays est en deuil : celui des victimes du massacre du 7-Octobre, celui des otages séquestrés dans les tunnels de Gaza. Deuil d’une vision, d’un idéal également, pour Antoine qui a quitté la Belgique à vingt ans afin de vivre au kibboutz et devenir danseur. Rose et Antoine se retrouvent après s’être perdus de vue. Comment entamer un pas de deux alors que le monde vacille ?
Dans les neuf histoires de renaissances qui constituent ce recueil, des personnes ordinaires tentent de creuser une brèche face aux impasses de la vie. De Haïti aux dépotoirs d’une favela, elles n’en finissent pas de chercher, d’imaginer et d’espérer.
Mars 2025 – Edern éditions
Le début de Danser, encore
Dans le pays en guerre, je déambulais, l’âme en paix. Ne suis-je pas l’enfant du paradoxe ?
Sur le chemin du restaurant, le taximan m’expliquait que la journée avait été difficile. Jeûne du ramadan, plus que vingt-huit jours, avait-il souri. Oui, dans son pays en guerre, il souriait lui aussi. Comme moi, il vivait en paradoxe.
Il n’y avait pas de quoi rire. Mais, lorsque les circonstances sont dramatiques, chacun tente de saisir les instants de bonheur là où ils sont. Avant qu’ils ne s’échappent. Un échange, c’est déjà bien. Nous parlions entre humains.
À Tel-Aviv, les hôtels étaient pleins. Réfugiés venus du Nord – Hezbollahland – ou du Sud – Hamasland. Ils étaient deux cent mille, disait-on, répartis dans le pays. Hezbollah, Hamas, ce sont nos nouveaux points cardinaux, avait ironisé une Franco-Israélienne, alors que je poussais la balançoire qui faisait la joie de sa fille. L’ironie, tout l’art du paradoxe.
Oui, l’art, pour exprimer les sentiments mêlés. Le désespoir et l’impuissance face à la catastrophe humanitaire de l’autre côté de la frontière ; comme moi, mes amis étaient loin de s’y montrer insensibles. Un mélange de rage et d’angoisse face à l’irréparable du 7-Octobre, aussi. Et si les hordes barbares déferlaient à nouveau sur le pays ? Et les otages, combien encore de vivants ? Et lorsqu’ils reviendront (qui oserait imaginer le contraire ?), dans quel état seront-ils ? Chacun ici connaissait un proche, assassiné ou détenu. Chacun ici tentait de chasser les images des sévices qu’avaient subis nos sœurs, nos filles. Et qu’elles subissaient sans doute encore, celles qui, terrées dans les tunnels de Gaza, n’avaient pas été libérées.
Sur les murs de la ville, on lisait, un peu partout, Bring Them Home Now. Parfois le Now avait disparu. Cinq mois de calvaire. Toute une population dans l’attente, la colère ou le recueillement. Ramenez les nôtres à la maison.
L’esplanade devant le musée de Tel-Aviv avait été rebaptisée place des Otages. Une table de shabbat dressée pour les manquants, des pierres – telles qu’on les pose sur les tombes juives – dédicacées, un arbre orné de messages aux manquants, la réplique d’un tunnel de Gaza… Plonger au cœur de la douleur pour la sublimer ? Des bénévoles et des membres des familles des otages ou des disparus étaient là. Ne pas oublier les absents.
L’art, pour mettre à distance et mieux plonger dans la réalité. Paradoxe encore. L’hôtel Impérials’était transmuté en lieu d’exposition. Dans chacune des chambres, des artistes s’exprimaient sur le thème Wonderland : Imagining Utopia. C’était puissamment décalé. C’était puissamment d’actualité. Face à la beauté qui demeure, oser l’espoir. Tenter l’Utopie. Bring Them Home Now. Et que vienne le temps de la reconstruction.
Dans la presse et sur les blogs
radio JudaIca – Les mots d’Anouk – interview Par David strosberg – 12/3/25
Radio Judaïca – Best seller – Interview par Lise Benkemoun – 23/3/25
Bernard delcord – « neuf hymnes d’espérance » – Lire est un plaisir – 29/3/25
« Centré sur le thème de la danse comme moyen d’accords et éventuellement d’accordailles, le premier récit narre la complexité des retrouvailles à Tel-Aviv de Rose, veuve, la soixantaine, qui fut jadis une jeune danseuse folklorique, et d’Antoine qui fut son chorégraphe quand elle avait 17 ans.
L’ambiance est lourde, on est après la tuerie du 7-Octobre et la prise violente des otages séquestrés dans les tunnels de Gaza, si bien que des questions se posent.
Celle de la compréhension de ces événements tragiques, et de leurs implications diverses, dans la vie quotidienne et dans les idées des Israéliens, et plus largement dans celles des Juifs en général. Celle des rapports avec ses idéaux, de Rose, qui a quitté Israël à 18 ans et a abandonné la danse pour vivre et se marier à Bruxelles, et d’Antoine qui a quitté la Belgique à 20 ans pour rallier un kibboutz et devenir danseur. Celle d’une possible éclosion sentimentale entre une femme qui a vécu un seul grand amour clos par le veuvage et un homme tétanisé par une série continue d’échecs sentimentaux. Celle, enfin, des espoirs et des victoires que font naître les pas de deux…
Les huit histoires qui continuent ce recueil, dans les entrailles de Gaza, dans les décombres d’un tremblement de terre en Haïti, dans la geôle d’un laboratoire de recherches médicales, dans les dépotoirs d’une favela, dans un fauteuil roulant, dans les dunes du Zwin, sous une tente d’adolescent activiste ou en visant le sommet d’un pommier montre des personnes ordinaires en quête de lumière depuis les tréfonds de leur destinée. »
Autant de chants d’espoir…
Chronique de Tamara Weinstock – Brouillon de culture – Radio Judaïca – 29/4/25
Sur Babelio
Offroy – 24/3/25
J’ai acheté un peu par hasard ce livre, qui venait de sortir de presse, à la Foire du livre de Bruxelles. Trois éléments ont déclenché ma décision : la discussion que j’ai eue avec l’éditeur au sujet de sa maison, nouvellement créée, qui a titillé ma curiosité ; le fait que c’était un recueil de nouvelles, genre que j’affectionne particulièrement ; et la référence aux événements dramatiques du 7 octobre 2023. Avec un tel patronyme, me suis-je dit, l’auteure allait faire entendre un autre son de cloche que celui auquel nous sommes habitués.
Je parlerai surtout de la première nouvelle, qui s’étend sur une cinquantaine de pages au début du livre. Les autres récits m’ont moins marqué. Dans « Nous danserons encore », donc, deux histoires s’imbriquent, en effet. Celle des attentats du 7 octobre, encore frais dans les mémoires, et une autre, une rencontre « amoureuse » – mais le sera-t-elle vraiment ? C’est la question que l’on se pose d’emblée – entre deux personnes qui s’étaient perdues de vue. Sur l’actualité, Rose, la narratrice, porte un regard lucide et tout en nuances, celui d’une « Juive qui se reconstruit sur les ruines de la Shoah », sans toutefois signer un chèque en blanc au gouvernement israélien actuel, qu’elle ne manque pas de critiquer.
C’est plutôt la deuxième trame du récit qui m’a souvent fait reposer le livre pour réfléchir, tant les idées dont elle l’entrelardait parlaient à ma propre expérience. « Tout au fond de moi, je pensais que certaines personnes jouissent d’un certain talent pour le couple. » (Rose a été la femme d’un seul homme, décédé récemment, tandis que lui a enchaîné divorces et ruptures.) Ou ceci : « Certaines personnes laissent en nous un souvenir marquant, même si nous les avons croisées qu’à de rares occasions. » On peut avoir simplement flirté avec quelqu’un, sans aller plus loin, le regretter souvent, et soudain, cette personne resurgit dans votre vie. Ou au contraire avoir connu une brève relation charnelle. Les corps ont vieilli, la magie opère à nouveau, mais n’est-on pas en train de s’illusionner ? Et est-ce que ce sera comme avant ? On a changé, tout en restant le même.
Au total, je dirai qu’en plus de m’avoir fait passer un bon moment, pour reprendre la formule consacrée, « Nous danserons encore » m’a souvent fait réfléchir, ce qui est plutôt bon signe.
Anne Kaufman – 31/3/2025
Très belle plongée dans le corps, les émotions, les sensations par la danse où le mouvement répare les âmes. Des récits vibrants, des êtres fracassés par des traumas, des manques, des désirs. Des personnages incarnés dans leur chair. Entre fiction et réalité, c’est la vérité des mots et des sentiments qui nous éclate au visage. Très belle lecture! Un recueil d’après 7 octobre dont la portée est humaniste et universelle.
Sur les réseaux sociaux
Edith Soonckindt, autrice – Mars 25
Entrez dans la danse, voyez comme on danse…
Il y a, dans le dernier livre d’Evelyne Guzy — une autrice que l’on ne présente plus — tout ce que l’on aime dans un livre : des voyages, du mouvement, des changements, des hésitations et des revirements ; dans Danser encore, publié aux éditions Edern, l’on voyage en Grèce, puis à Haïti, et quelques fois à Tel-Aviv, entre autres. Non seulement on voyage d’un pays à l’autre, mais l’on voyage aussi d’un univers à l’autre, la danse, souvent, mais pas uniquement, et c’est ce qui fait tout le charme d’un recueil de nouvelles. À chaque page, à chaque pays, l’on danse sur le fil de l’écriture sensuelle, organique et colorée d’Evelyne Guzy, de son amour de l’humain qui sourde à chaque page, de la tendresse et de l’empathie infinies qu’elle semble éprouver pour ses personnages.
Bien qu’en apparence éparpillés, les recueils de nouvelles doivent tous avoir un fil rouge autour duquel les récits s’articulent et se répondent, et ici c’est le mouvement, qui se retrouve dans la danse, même quand on ne peut plus danser (pour cause de vieillissement ou le handicap) ; ce fil rouge se double d’un sous-texte subtil (un sub plot, disent les scénaristes) qu’est l’enfermement, l’un n’excluant pas l’autre, et Evelyne Guzy excelle dans ces deux registres. Ça bouge, ça danse, ou ça ne danse pas, ou ça ne bouge pas. Il y a par ailleurs dans ce recueil des histoires d’enfermement, très particulières pour certaines, qui se déclinent sur plusieurs niveaux : à l’intérieur de soi, dans un tunnel comme otage, sous les décombres d’un tremblement de terre, dans une favela, dans un confinement, dans des attentes, dans un secret, dans la révolution, ou encore dans une chaise roulante…
Brisures, morsures et meurtrissures jalonnent le parcours de chacun et de chacune, on y aime un homme, une femme, une mère ou une grand-mère, un père. C’est quoi, l’amour ? Ou la paternité ? C’est quoi être un homme ? Et un être humain tout court ? C’est quoi, aimer ? Doit-on oser, et pourquoi, parfois, l’on n’ose pas ?
Dans des textes à la fois retenus et profonds, Evelyne Guzy mène la danse avec une grande maîtrise et n’hésite pas à nous prendre la main pour que, nous aussi, nous puissions y entrer, nous y glisser, tout en nous interrogeant sur le but et le sens de notre propre danse, solitaire comme accompagnée. Après quoi l’on referme ce petit bijou et l’on se prend à rêver, sur les pas de danse déjà esquissés, ainsi que sur ceux dans lesquels il nous faudrait tout de même bien finir par nous lancer !
Véronique Sels, autrice – Mars 25
Une écriture limpide. A la fois précise et charnelle. Il s’agit du corps. Du corps sidéré. De ce qui brusquement nous tétanise, nous submerge. Nous sommes en Israël après le 7 octobre, en Haïti lors du tremblement de terre en 2010, à Bruxelles hier et aujourd’hui. Aucun ennemi désigné, ni gentils ni méchants, ni drapeaux ni idéologies, simplement des humains qui cherchent la lumière et qui par une respiration, une image, un geste, font le choix de vivre. De novela en nouvelle, avec une douceur obstinée et rare, Evelyne Guzy interroge notre capacité à nous remettre en mouvement.
Dominique Cywié, Lectrice – Mai 25
« Danser, encore » : un chef-d’œuvre de créativité et d’émotion
Je viens de terminer la lecture de ce livre. Au fil des lectures de ses ouvrages, je suis de plus en plus impressionnée par le talent d’écriture d’Evelyne Guzy.
Chère Évelyne, dès la première histoire de ce dernier, je te reconnais, je reconnais les lieux et l’ambiance si tristement particulière de Tel Aviv à cette période. J’ai été captivée par la richesse et la justesse de ton récit et la profondeur de tes personnages.
Chaque histoire est une plongée très réaliste dans notre monde si dur que l’on souffre de percevoir un récit cruellement authentique, grâce à ton sens très fin de l’écriture.
Les thèmes abordés résonnent profondément en moi car ils touchent à des situations malheureusement trop connues. Ton écriture est fluide, précise, élégante et poétique, rendant chaque histoire passionnante à lire.
Tu as un don particulier pour décrire les scènes et les émotions de manière vivante et authentique. On ressent vraiment la douleur et le cynisme de chaque situation. Mais aussi, tu as réussi, et c’était ton but, à proposer de l’espoir à la fin de chaque chapitre.
Ce livre est bien plus qu’une juxtaposition d’histoires, c’est une véritable ode à la vie qui mérite d’être lue et partagée. Je recommande vivement ce livre à tous mes amis amateurs de littérature et d’humanité.
Merci Évelyne et bravo pour ce superbe ouvrage.
Rencontres et dédicaces
Foire du livre de Bruxelles – Dédicace – 16/3/25



Rencontre et lecture – Faculté d’Architecture la Cambre Horta – 26/3/25
Rencontre animée par Eric Brucher – Textes lus par Sylviane Hazard.


Rencontre croisée Avec Firouzeh Nahavandi – Maison de la laïcité Lucia De Brouckère – 27/3/25
Organisée par les collectifs D’accord de ne pas être d’accord et Laïcité Yallah – Animée par Danielle Perez et conclue par Djemila Benhabib.
« Pour une femme en mouvement, combien sont-elles ces femme empêchées, invisibilisées, instrumentalisées, exploitées, piétinées, violées ?
L’ONU dénombre 51 conflits dans le monde où les femmes et les enfants sont particulièrement vulnérables, où le corps des femmes exposées aux violences sexistes et sexuelles devient un champ de bataille.
Nous affirmons notre solidarité envers ces femmes qui malgré tout continuent de vivre, résistent et aspirent à la liberté. C’est le cas en Iran où elles sont confrontées à une théocratie qui a théorisé et instauré un apartheid sexuel. A travers son travail d’universitaire, Firouzeh Nahavandi a documenté cette situation pour sensibiliser le large public à cette condition.
Evelyne Guzy est journaliste et romancière, elle vient de publier : Danser encore, un recueil de neuf superbes nouvelles dont certaines construites autour du 7 octobre entre Bruxelles et Tel-Aviv ou autour de la catastrophe naturelle à Haïti. « Comment entamer un pas de deux alors que le monde vacille ? », s’interroge-t-elle.
On vous propose de croiser le regard de ces deux femmes exceptionnelles à travers un échange passionnant.
Nous explorerons comment le corps et le mouvement deviennent des ressources essentielles de résilience face à l’enfermement et au deuil.
Une rencontre pleine d’émotions et de réflexions. »





Les suites de la rencontre…
Hier, au Pain Quot, mon regard croise celui d’une femme. Un air de déjà vu… « J’ai lu votre livre », me dit-elle, s’avançant vers moi. Je lui souris, étonnée…
« J’ai lu votre livre, il m’a beaucoup touchée. Dans la première histoire, votre personnage est Israélien. Moi, je viens de l’autre côté de la frontière. Du Liban. J’ai compris des choses en vous lisant. »
Un sentiment de profonde gratitude m’a emplie. C’est pour des moments comme celui-là que j’écris. Exactement. Se parler entre inconnus issus d’horizons différents. Se rencontrer et partager notre commune humanité.
Peut-être cette dame se reconnaîtra-t-elle sur la photo prise à quelques-unes lors d’une rencontre à la Maison de la laïcité Lucia de Brouckère ? Au milieu, une autre femme montre mon livre, Danser, encore. J’espère qu’elle l’a déjà lu !
Rencontre croisée Avec véronique Sels – Théâtre Le Public – 24/4/25
Animée par Marianne Sluszny, Gilles Boujo à la guitare.






