Ce que j’ai compris le 22 mars 2016

Momignies pendant l’Occupation (28/1/44). A l’extrême droite, Grégoire Burgman – alias Léon Dumont -, enfant caché.


Des attentats jihadistes qui ont précédé ceux du 22 mars, je garde, ancrée dans mon corps, la sensation de sidération qui m’a envahie, à chaque fois, plusieurs jours durant.  

En revanche, je me souviens parfaitement de ce que je faisais, de ce que j’ai ressenti, pensé et compris le 22 mars 2016.

Le 22 mars 2016, je rédigeais un chapitre de mon roman, La Malédiction des Mots, consacré à mon père, enfant caché. Je sondais ses sentiments à lui qui – choyé par des moines qui le préservaient de la barbarie nazie – avait perdu, en même temps que son nom, son identité, sa personnalité. Taciturne, il lui arrivait souvent de sombrer dans la mélancolie.

J’ai pensé que ce mélange d’impuissance et de souffrance cachaient sans doute une inexprimable colère. Et que ces sentiments étaient politiques. Comme l’infinie tristesse teintée de révolte que je ressentais face au terrorisme. Sans doute, ce bourbier confus d’affects envahissait-il mon père, comme il m’envahissait, au vu de l’incurie d’une idéologie qui laisse s’abattre une violence sans nom, même sur les enfants.

J’ai réfléchi et écrit sur le terrorisme, sur la barbarie. Il restera toujours cette part d’inexplicable, et en même temps d’indéniable : les auteurs d’actes inhumains sont des Hommes comme nous. 

Et, paradoxalement, c’est parce que nous sommes des femmes et des hommes que nous survivons et transcendons la souffrance. 

Nous offrant ainsi une chance de renaissance, à nous et au monde que nous partageons.

22/3/21